Jean-Pierre Craninx

Biographie complète de Jean-Pierre Craninx, cheminement de vie, concrétisation ...

Jean-Pierre Craninx est Belge. Il voit le jour le 1er juin 1965 dans un petit village de campagne, à Waremme, non loin de Liège.

Dès l’enfance, il fait preuve d’une imagination débordante qu’il exprime alors par ses bricolages, ses inventions en tous genres. Quelques planches, deux ou trois outils, une poignée de clous, et voilà que surgissent l’avion et le bateau de ses héros de bande dessinée, ou encore ... une "œuvre abstraite"...
On le dit alors rêveur, curieux, voire "fouineur".

Adolescent, il poursuit un parcours scolaire classique avec déjà un goût tout particulier pour le cours de dessin, tant artistique que technique.

Son père n’étant pas très manuel, sa mère se tourne donc tout naturellement vers son ainé et son côté bricoleur pour réparer une clôture, installer un lustre, une étagère, …
On le dit alors pointu, minutieux, perfectionniste dans ce qu’il entreprend.

A 19 ans, il intègre l’Institut Supérieur des Beaux-Arts Saint-Luc de Liège.
L’essentiel de sa formation : associer, magnifier la synergie entre la technique et l’artistique, entre le fonctionnel et l’esthétique.

Il peut dès lors exprimer et canaliser toute sa créativité dans ce qui lui correspond et s’accomplir ainsi pleinement.
Après 4 ans d’études, il obtient, avec mention, le diplôme de licencié en arts plastiques, visuels et de l’espace, orientation design.

Sonne l’heure du service militaire obligatoire. Ce temps, JPC veut qu’il soit utile à la société mais aussi à lui-même. Il a l’idée peu banale de l’accomplir à la gendarmerie.

Il réussit le concours d’entrée et endosse l’uniforme de milicien gendarme.
Cette expérience finalement très positive, lui permet de prendre conscience des différences sociales, des drames qui ponctuent les vies, … Son regard sur le monde s’enrichit.

Jeune diplômé, il est engagé en qualité de designer au sein d’une entreprise liégeoise spécialisée dans l’aménagement intérieur et personnalisé de grosses berlines et limousines de luxe. Contre toute attente, on lui confie alors, en collaboration avec un autre collègue, la gestion d’un projet dans le monde très "étroit" de l’aéronautique.

Il a un an, un budget et des moyens sérieux pour réaménager intégralement l’intérieur d’un jet d’affaire biréacteur. 
Malgré les contraintes techniques et sécuritaires énormes, il réussit ce défi avec brio.
Au terme de ce projet exaltant, gagner sa liberté, devenir indépendant, devient une évidence.
En Belgique, le tissu sectoriel de l’économie, n’est pas très favorable à une carrière de designer industriel, avec la casquette de "vrai créatif". Il faut presque nécessairement s’expatrier. Décision que JPC ne prendra pas, d’autant plus qu’il est jeune marié et très attaché à son terroir. Il fait donc le choix délibéré de rester et de changer d’orientation.

Après quelques petits boulots dont une courte expérience de professeur en design dans une haute école française, à Valenciennes, les aléas de la vie le mènent à une carrière dans le monde de l’immobilier.
Il va créer sa propre agence spécialisée dans la gestion d’immeubles.

Certes, à la base, c’est un " job alimentaire" mais JPC se passionne toujours par ce qu’il entreprend et s’investit dans ce nouveau challenge à 200 %. Sa créativité sera un atout pour le bon fonctionnement et la bonne organisation de sa société qui comptera jusqu’à 8 employés. Il deviendra professionnel reconnu dans cette activité, pourtant bien éloignée du monde artistique.

En parallèle, notre entrepreneur créatif, maintenant père de deux filles, s’engage avec son épouse dans la restauration profonde d’une ferme du 19ème siècle.
Quand la peinture évoque le cosmos (détail)  
Enfant, il rêvait de vivre dans un château. Il vivra finalement dans une ferme, celle qu’il a eue sous les yeux une bonne partie de son enfance et qui fut un de ses nombreux terrains d’exploration. C’est là que sa fibre artistique et son intérêt inné pour les technologies de pointe s’exprimeront désormais.

Durant 25 ans, il combinera ces deux activités en s’initiant également à diverses techniques de peinture ou d’enduits : la peinture à la chaux, les stucs, le marmorino…
 
Arrivé à la cinquantaine, il se lasse progressivement de sa profession de gestionnaire d’immeubles. C’est aussi l’époque où insidieusement, l’envie de peindre le gagne progressivement. Il tente de refouler cette évidence au plus profond de lui.
 
L’année 2017 est un tournant majeur. Il ne parvient plus à contenir cette envie de peindre, celle-ci devient de plus en plus prégnante, véritablement obsessionnelle. Par contre, sa motivation de gestionnaire décline, d’autant plus que diverses mésaventures surgissent et menacent son activité. Le burn-out et la dépression le guettent, il doit réagir. JPC doit faire le choix difficile de céder son entreprise avant d’y laisser sa santé.
 
Cette période est certes chaotique mais il continue malgré tout à enrichir ses connaissances techniques en participant à différents stages de perfectionnement : peinture à la farine, utilisation des résines époxy … Il apprend également à fabriquer ses propres châssis nécessaires à la réalisation de tableaux grands formats.
 
C’est aussi l’époque où il découvre la peinture abstraite de Pierre Soulages. Il se passionne alors pour cet artiste et analyse tous les aspects de sa personnalité, de son œuvre. Il visite son musée à Rodez, son exposition à la Fondation Pierre Gianadda à Martigny en Suisse… Il veut tout savoir de celui qui deviendra sa référence majeure.


Il constate que Pierre Soulages s’est affranchi des carcans et des principes ultra académiques, de la manière "bien-pensante" d’un certain monde de l’art. Il est "lui" et il se moque du reste. JPC est totalement en phase avec cet état d’esprit, cette façon d’envisager la peinture. De plus, Pierre Soulages est aussi à l’origine de ce qu’il a appelé "l’outrenoir". Cette invitation à observer la lumière rebondissant sur l’œuvre par l’usage, le plus souvent, d’une seule matière picturale noire, voire deux maximum, est fascinante.

La découverte de cet artiste agit tel un catalyseur qui lui donne ses premières envies d’explorations. Dès cet instant, le désir de mener ses propres recherches est né. Lui aussi souhaite s’intéresser à ce mariage magistral de la lumière et du noir mais, à la différence de Pierre Soulages, en s’accordant la possibilité de faire usage de toute la palette possible des noirs pour un seul et même tableau. Une idée en entraine une autre, essayer différents effets de matières, différents pigments, médiums, vernis, …
Les premiers projets de tableaux abstraits commencent à germer. Il les transcrit scrupuleusement dans un petit carnet de croquis, rangé au fond d’un tiroir.

Vient le moment où il ne peut plus faire mystère de cette fièvre créatrice, déjà perçue de longue date par son épouse. En effet, le voile est définitivement levé le jour où une de ses filles va mettre la main, par hasard, sur ce carnet...
Dorénavant sa famille va l’encourager à s’investir davantage.

Comment faire ? Son être tout entier l’appelle à peindre mais il faut continuer à payer les factures, à supporter les crédits et son entreprise vient d’être cédée…
Retrouver un travail rémunérateur est indispensable.

In fine, il retrouve un emploi dans ce qui lui est familier : la gestion d’équipes. C’est un job à responsabilité qu’il exercera avec sérieux, en s’engageant totalement comme il en a l’habitude mais l’enthousiasme n’est pas au rendez-vous. Ces nécessités financières l’entrainent loin de ses élans créateurs. Après environ un an de loyaux services, alors qu’il ne s’y attend pas, il est brutalement licencié pour « raison économique ».
                          Quand le noir se marie à la lumière
Chevalet aux multiples possibilités                  
Juste avant cette annonce, son médecin lui diagnostiquait un burn-out sérieux et lui imposait le repos. Il se retrouve en maladie et sans emploi.

Le processus de récupération est lent et l’introspection nécessaire à la guérison.
Une question difficile mais néanmoins évidente s’impose à lui : peut-il faire de sa passion un métier ? Ne pourrait-il profiter de cette parenthèse pour tenter pleinement l’aventure ? C’est maintenant ou jamais. Il ne veut pas avoir de regrets. Il décide de franchir le cap.

Il commence par aménager son atelier. Il conçoit et fabrique son propre chevalet, qu’il adapte spécialement à la peinture de grands formats. Il a pensé à tout, même à la possibilité de peindre tous les côtés, sans devoir déplacer le tableau fraichement peint.
 
Il doit maintenant définir son style, le préciser, exprimer sa personnalité en se servant de ses acquis, de ses références, de ses idées. C’est ainsi que JPC entame une multitude de tentatives, d’expériences. Les seules évidences qui s’imposent à lui : la peinture abstraite, les grands formats et le noir, "ses" noirs.


Son défi est alors de créer « sa » palette de noirs, bien différenciés les uns des autres. Jamais de gris, il se l’interdit.
Un premier tableau voit le jour, ça lui semble prometteur.
Malheureusement le résultat n’est pas très concluant aux yeux de ses proches.

Grosse remise en question, insomnies,... Doit-il poursuivre ? Il finit par se remettre au travail, il persévère. Corps et âmes, il cherche à améliorer sa palette de noirs. Essais multiples, certains fructueux, d’autres moins. Il se dirige progressivement vers quelque chose de neuf, de personnel, il commence à le percevoir. Il ne sait pas encore où cela va le mener mais, contre vents et marées, il continue à explorer tous azimuts. Pas de couleur. Du noir, rien que des noirs, « ses » noirs. Au final, il traduit le résultat de ses explorations, dans un tableau où 9 noirs distincts sont mis en "vibration" côte à côte.

Il parvient ainsi à sortir quelque chose qui lui "parle". Il le vit comme une forme de révélation, de libération. L’excitation de celui qui sent que cette fois, il est dans le "bon".
                     Panneau bois (70 X 100) 9 noirs distincts - acrylique, époxy, vernis acrylique
matière picturale créée par Jean-Pierre Craninx (ici striée)                      
Reste l’étape du regard extérieur...
Un peu la boule au ventre il accroche le tableau dans une pièce de vie de la maison. C’est Anne, son épouse qui la première le voit et donne son avis : "J’aime vraiment bien, c’est vraiment toi. Je te retrouve dans ce tableau. Ça correspond à ta personnalité. Continue". 

Quoi de plus stimulant que les encouragements de sa femme, ses filles, sa famille ?
C’est le "Sésame" qu’il attendait sans le savoir. Dorénavant, tous les amis sont également invités à venir découvrir son travail et dans la foulée, son atelier.

JPC est étonné et agréablement  surpris. Les avis positifs, unanimes, l’invitent à poursuivre. Une nouvelle barrière vient de tomber. D’autres tableaux voient le jour.
 
Depuis, il ne s’arrête plus.
Le petit carnet de croquis qui foisonnait déjà de projets, s’enrichit de jour en jour.
Des idées neuves surgissent, tant de terres inconnues restent encore à explorer…


Créé avec Artmajeur